Depuis hier et jusqu'au 28 février, vous pouvez aller
découvrir l'exposition "Archives et patrimoine, quand les
archives nous racontent la Poudrerie" à l'hôtel de ville de
Miramas, manifestation culturelle liée au projet de mise en valeur
et de réhabilitation de l'ancienne Poudrerie royale de Saint-Chamas
lancé en janvier 2012.
Nous avons demandé à Mélissa
Scandolera, ancienne étudiante du master diplômée en 2011, qui
participe à ce projet original, de nous en dire plus ...
Peux-tu nous présenter ce projet
culturel ?
Le Projet Poudrerie rassemble une
équipe de chercheurs et de professionnels dont la volonté est de
valoriser le patrimoine de l'ancienne Poudrerie de Saint-Chamas. Ce
site industriel, ayant fonctionné de 1690 à 1974, était voué à
la fabrication de poudre noire et d'explosifs. A sa fermeture, la
plupart des bâtiments ont été rasés, la nature a repris ses
droits, et le lieu a été reconverti en parc naturel protégé
occasionnellement ouvert au public. C'est ce dernier aspect qui
prime désormais : très peu de moyens ont jusque là été mis en œuvre afin de restituer la "mémoire industrielle" du
site, et c'est justement ce que nous entendons corriger. Pour
cela, nous nous situons sur deux axes.
Mélissa en plein classement, aux Archives Municipales de Miramas, aux côtés de la
responsable du projet, Carole KOCH.
Nous souhaitons tout
d'abord effectuer le repérage, le classement, et la numérisation
des archives en lien avec la Poudrerie. Ces dernières sont
disséminées dans plusieurs lieux de conservation, à savoir les
Archives Municipales de Saint-Chamas, les Archives Municipales de
Miramas, les Archives départementales des Bouches-du-Rhône, et le
Centre des archives du personnel et de l'armement de
Châtellerault. A l'heure actuelle, nous avons terminé le
classement des Archives Municipales de Saint-Chamas, et un inventaire
a été rédigé. La numérisation des documents de la commune est
également en cours. En attendant de disposer d'un site Internet
spécialisé, nous en assurons la diffusion sur le Blog du projet (http://projetpoudrerie.wordpress.com/).
L'équipe s'est aussi déplacée sur les trois autres sites
concernés, et le repérage de leur fonds a débuté.
L'autre axe
du projet consiste en une modélisation numérique en 3D du fonctionnement des anciens moulins à poudre, dont il ne reste
aujourd'hui que quelques vestiges menacés. Cette maquette
numérique est actuellement élaborée par les chercheurs du
laboratoire InsARTis de l'Ecole Nationale d'Architecture de
Marseille : la structure des moulins a été intégralement
restituée, et il reste désormais à mener le travail concernant
les mécanismes et l'outillage qu'ils abritaient.Afin de nous
aider dans ces travaux, les municipalités de Saint-Chamas et
Miramas, le Conservatoire du Littoral (propriétaire du site depuis
2001), et le SIANPOU (syndicat de gestion du site) se sont
associés à cette initiative. Celle-ci s’appuie également
sur l’Association des amis du Vieux Saint-Chamas et le Musée
municipal Paul Lafran (Saint-Chamas). Enfin, nous comptons
également les Archives Départementales des Bouches-du-Rhône
parmi
les partenaires du projet.
Qu'est-ce qui t'a attirée dans ce
projet ?
Historienne et archiviste de
formation, j'ai tout de suite été intéressée par l'envergure et
la richesse de de projet. Mais ce n'est pas tout : je suis également
d'origine Saint- Chamasséenne. Ma famille habite le village
depuis plusieurs générations, il s'avère que mon arrière-grand
père avait lui même travaillé à la Poudrerie de Saint-Chamas ! Je
n'ai donc pas hésité très longtemps avant de me lancer dans ce
projet visant à mettre en valeur l'histoire et la mémoire de ce
site encré dans la vie de mon village.
En tant qu'archiviste,
comment cela s'est-il passé de travailler avec un architecte ?
Le
projet est né de l'initiative de Mme Carole KOCH, urbaniste de
formation et chercheur associé de l'UR InSARTis, et de M. Farid
AMEZIANE, architecte, docteur, professeur et directeur de l’UR
InsARTis. Nos expertises se complètent et permettent une mise en
valeur du patrimoine à la fois documentaire et architectural du
site : en tant qu'archiviste, je dispose des connaissances
relatives aux techniques de classement des documents, et en tant
qu'architectes, ils sont les plus à même de se positionner quant à
la modélisation 3D des anciens moulins à poudre. Mais la
collaboration avec eux est aussi enrichissante sur un tout autre
point. Leur regard se porte en fait bien plus loin : ils
s’inscrivent dans le cadre d’une réflexion globale quant au
devenir du site et à sa reconversion, permettant de proposer de
nouveaux usages compatibles avec la conservation du site et avec
la mise en valeur de son patrimoine matériel et immatériel.
Cette
mission plutôt originale t'a-t-elle donné des envies concernant ta vie
professionnelle ?
Cette mission a été pour moi l'occasion
d'approfondir certains aspects du métier d'archiviste que je
n'avais que peu abordé dans le cadre des différents postes
que j'avais pu occuper jusque là. Aujourd'hui, la réalité du
métier d'archiviste réside pour beaucoup dans la gestion
d'importantes masses documentaires sans arrêt complétées par
de nouveaux versements. En revanche, dans le cadre du projet j'ai
pu me consacrer intégralement à des fonds et à un objet
précisément ciblés. En dehors des tâches purement archivistiques
que sont le classement et la rédaction des instruments de recherche,
j'ai aussi eu l'occasion d'assurer les visites d'une exposition
élaborée par l'équipe du projet à partir des documents
découverts auprès des différents services d'archives. J'étais
plus particulièrement en charge de l'accueil du public scolaire.
C'est là une expérience que je souhaiterais vraiment renouveler
!
Intérieur de la Nouvelle Usine de
Tolite, 1940. Source : Archives Municipales de Saint-Chamas.
La reproduction et la réutilisation de ce document est soumis à
l'autorisation et à la réglementation en vigueur aux Archives
Municipales de Saint-Chamas.